Situé dans le Bagdad des années 1950, Saïd Effendi raconte l’installation d’un instituteur et de sa famille dans un quartier populaire, après avoir été contraints de quitter leur précédent logement. Dans cette nouvelle maison, Saïd se heurte rapidement aux tensions avec Abdullah, un cordonnier voisin, dont les enfants entrent en conflit avec les siens. À travers ces heurts du quotidien, le film interroge subtilement l’équilibre délicat entre éducation, vivre-ensemble et respect mutuel, sans jamais céder à la facilité de la violence.
Un demi-siècle plus tard, cette chronique sociale conserve une étonnante modernité. « Si vous le regardez aujourd’hui, vous aurez l’impression qu’il parle du présent, pas d’un récit d’avant les années 1970 », souligne Wareth Kwaish. « C’est ce qui fait de Saïd Effendi un film iconique : il traverse les époques sans perdre son sens. »
La restauration de Saïd Effendi n’est pas un geste isolé. Elle s’inscrit dans un programme national mené par le bureau du Premier ministre et le Centre des archives irakiennes, qui vise à sauver et préserver la collection cinématographique du pays. « Ce film est iconique dans l’histoire irakienne, c’est pour cela qu’il a été sélectionné à Cannes l’année dernière », rappelle Kwaish.
Pour lui, l’enjeu dépasse la mise en lumière d’un classique du cinéma arabe : « Nous ne restaurons pas seulement un film. Nous restaurons notre mémoire, et d’une certaine façon, nous restaurons notre nation. »
Ce travail de préservation est d’autant plus essentiel que l’Irak a vu sa production cinématographique fragilisée par les décennies de conflits et d’instabilité. Restaurer Saïd Effendi, explique-t-il, c’est « se rappeler à quel point il est important d’être Irakien, et d’être au-delà de la nation ».
Un demi-siècle plus tard, cette chronique sociale conserve une étonnante modernité. « Si vous le regardez aujourd’hui, vous aurez l’impression qu’il parle du présent, pas d’un récit d’avant les années 1970 », souligne Wareth Kwaish. « C’est ce qui fait de Saïd Effendi un film iconique : il traverse les époques sans perdre son sens. »
La restauration de Saïd Effendi n’est pas un geste isolé. Elle s’inscrit dans un programme national mené par le bureau du Premier ministre et le Centre des archives irakiennes, qui vise à sauver et préserver la collection cinématographique du pays. « Ce film est iconique dans l’histoire irakienne, c’est pour cela qu’il a été sélectionné à Cannes l’année dernière », rappelle Kwaish.
Pour lui, l’enjeu dépasse la mise en lumière d’un classique du cinéma arabe : « Nous ne restaurons pas seulement un film. Nous restaurons notre mémoire, et d’une certaine façon, nous restaurons notre nation. »
Ce travail de préservation est d’autant plus essentiel que l’Irak a vu sa production cinématographique fragilisée par les décennies de conflits et d’instabilité. Restaurer Saïd Effendi, explique-t-il, c’est « se rappeler à quel point il est important d’être Irakien, et d’être au-delà de la nation ».
Une œuvre qui raconte la société irakienne… et ses mutations
Interrogé par L’Opinion sur les différences entre le Bagdad filmé par Cameron Hosny et celui d’aujourd'hui, Wareth Kwaish marque une pause : « Beaucoup. C’est une question difficile. » Puis il précise : « La différence la plus flagrante, ce sont les gens, la société. Le film montre une société irakienne unie, où les relations humaines définissent tout. Aujourd’hui, après 70 ans, vous sentez la distance. »
Pour Kwaish, cette représentation de la vie quotidienne — les disputes d’enfants, les conflits de voisinage, les solidarités fragiles — constitue un témoignage précieux sur la structure sociale de l’époque.
Le succès de Saïd Effendi restauré dépasse les frontières irakiennes. À Marrakech, le film a suscité une réception particulièrement chaleureuse. « J’étais choqué », avoue Kwaish. « Ici au Maroc, les gens comprennent tout. Pour eux, c’est presque magique. Ils l’appellent un chef-d’œuvre — et c’en est un. »
En Irak aussi, le public s’est réapproprié le film restauré. « Les gens en parlent sur les réseaux sociaux, ils le regardent, ils vivent avec le film », raconte-t-il. « Voir un classique irakien restauré en 4K après tant d’années, c’est quelque chose d’immense. »
S’agissant les correspondances entre le Maroc et l’Irak, Kwaish souligne l’existence d’un socle culturel partagé : « À la fin de la journée, nous sommes des Arabes. Oui, nos cultures diffèrent, mais nous restons liés par une même langue et une même sensibilité. »
Il cite notamment le cinéma marocain contemporain, et en particulier les films de Nabil Ayouch, qu’il considère comme une passerelle : « Son cinéma, nous pourrions le faire en Irak », dit-il. Un signe supplémentaire que le patrimoine visuel arabe, malgré ses spécificités, demeure une source de dialogue et de compréhension mutuelle.
Pour Wareth Kwaish, Saïd Effendi n’est pas seulement un film remis à neuf : c’est une clé qui ouvre à la fois un passé oublié et un futur encore à écrire. « Restaurer un ancien film, c’est préparer les nouveaux films à venir », affirme-t-il. « L’héritage nourrit la création. »






















